Épisode 63 : Les allergies alimentaires
Cette semaine, sur Grandir Ensemble, Alexandra a eu le plaisir de recevoir Cosette Gergès et Andréanne Tremblay-Lebeau, toutes deux nutritionnistes et diplômées de l’Université de Montréal. Cosette est spécialisée en pédiatrie et travaille auprès des familles, alors qu'Andréanne travaille chez Allergies Québec depuis 2018.
Elles sont venues parler des allergies alimentaires et des potentiels facteurs de risque de développer une allergie alimentaire. Elles nous aident à démêler les informations concernant l’introduction des allergènes et le temps d’attente entre chaque introduction chez les bébés et nous parlent de l’importance de maintenir la tolérance aux allergènes.
Les allergies alimentaires étant un sujet en constante évolution, ne manquez pas cet épisode pour écouter les précieux conseils d'Andréanne et Cosette, basés sur les études les plus récentes en la matière!
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Les allergies alimentaires chez les enfants : quels sont les potentiels facteurs de risque et comment augmenter la tolérance aux allergènes?
Dans cet épisode du balado Grandir Ensemble, Cosette Gergès et Andréanne Tremblay-Lebeau, toutes deux nutritionnistes, nous parlent des allergies alimentaires. Qu’est-ce qu’une allergie alimentaire? Quels sont les potentiels facteurs de risque de développer une allergie alimentaire? Comment et quand introduire les allergènes chez le bébé? Quels sont les signes d’une allergie alimentaire et que faut-il faire une fois que l’on sait que notre enfant a une allergie alimentaire?
Des questions dont les réponses ont beaucoup évolué durant ces dernières années et pour lesquelles Cosette et Andréanne tentent de nous donner des conseils basés sur les plus récentes recommandations scientifiques.
Qu’est-ce qu’une allergie alimentaire?
Andréanne définit une allergie alimentaire comme une réaction inappropriée et exagérée de notre système immunitaire. Le système immunitaire réagit à une protéine présente dans un aliment, normalement inoffensive pour la majorité des gens. C’est la protéine qui déclenche la réaction allergique qu’on appelle l’allergène.
Santé Canada répertorie plus de 160 aliments qui peuvent créer une réaction allergique. Les plus fréquents, les allergènes prioritaires, apparaissent sur les étiquettes des aliments, comme le lait, les noix, les œufs, etc. En théorie, tout aliment qui a une protéine peut déclencher une réaction allergique.
Existe-t-il des facteurs de risque de développer une allergie alimentaire?
On se pose souvent la question concernant les facteurs de risque. Est-ce que tout le monde est à risque d’avoir une allergie alimentaire? Est-ce qu’il y a quelque chose dans notre génétique ou dans notre environnement qui peut augmenter les facteurs de risque?
À cela, Andréanne nous répond que, dès la naissance, il est établi si le nourrisson est oui ou non à haut risque de développer une allergie alimentaire. Elle explique également que cela est complexe, car tous les facteurs de risque ne sont pas connus et que les définitions varient d’un pays à l’autre.
Au Canada, la Société canadienne de pédiatrie définit un nourrisson à haut risque comme étant un enfant avec une histoire personnelle d’atopie ou dont un parent premier degré (père, mère, frère ou sœur) a une histoire d’atopie.
Une atopie regroupe plusieurs conditions : allergie alimentaire, eczéma, asthme, rhinite allergique. Si l’enfant qui nait possède une condition ou qu’un de ses parents a l’une de ces conditions, on considère qu’il est à plus haut risque de développer une allergie alimentaire. Cela reste néanmoins des facteurs de risque, cela ne signifie pas que l’enfant aura une allergie alimentaire.
Andréanne et Cosette nous expliquent que beaucoup de recherches continuent de se faire pour déterminer les facteurs de risque de développer des allergies alimentaires.
Quand faut-il introduire les allergènes chez les bébés et quel est le délai entre chaque allergène?
Selon les deux nutritionnistes, ce sont les questions qui confondent, qui déstabilisent le plus les familles, car le discours a beaucoup changé au fil des années. Ainsi, les conseils de l’entourage ayant eu des enfants il y a plusieurs années peuvent ne plus être d’actualité.
Les recommandations les plus récentes en matière d’introduction des aliments sont de commencer vers l’âge de 6 mois et d’introduire les allergènes le plus rapidement possible dans l’alimentation du bébé. Si le parent doit en privilégier deux à introduire en premier, Cosette recommande de choisir les arachides et les œufs.
De même qu’il était entendu que les allergènes pouvaient être testés sur une partie de la peau avant de les donner à manger au bébé, cette recommandation n’est plus d’actualité aujourd’hui. Il est recommandé de les introduire par la bouche, car le corps ne perçoit pas l’allergène de la même façon par la peau et par la bouche. Cosette insiste sur le fait qu’il est important que le ventre rencontre la protéine de l’aliment, que ce soit celle de l’arachide, du lait ou autre.
Si l’allergène est bien toléré par le bébé, il est recommandé de maintenir l’exposition à cet allergène. L’important est de maintenir la tolérance et d’en consommer régulièrement tout au long de sa vie, car on induit ainsi une tolérance à un aliment et on diminue les risques d’allergie.
Dès qu’un allergène a été introduit et est bien toléré par le bébé, le parent est en mesure de donner un nouvel allergène dès le lendemain, selon les deux nutritionnistes et, encore une fois, les recommandations les plus récentes. Il n’est en effet plus nécessaire d’attendre deux à trois jours entre l’introduction de chaque allergène puisque les scientifiques se sont rendu compte que d’intégrer plus rapidement l’allergène peut favoriser la tolérance et diminuer les risques d’allergie.
Quels sont les signes d’une allergie?
Souvent, les premières réactions allergiques sont minimes. Cosette et Andréanne souhaitent déstresser les jeunes parents lors de l’intégration des allergènes en leur disant de garder en tête que, chez les nourrissons, les réactions anaphylactiques sont rares et beaucoup moins sévères que chez les enfants plus âgés. Aucun cas de décès d’enfant en raison de l’introduction d’un nouvel aliment n’a été reporté. Il faut bien évidemment surveiller, mais on ne doit pas être trop craintif.
Les symptômes les plus légers peuvent être des larmoiements, de la congestion, de l’urticaire, des vomissements; l’enfant peut aussi être facilement irritable ou changer rapidement de comportement, etc.
Les symptômes les plus sévères sont la toux, la difficulté à respirer, etc. Dans ces cas, il est conseillé de ne pas attendre et d’emmener directement l’enfant aux urgences.
Les symptômes apparaissent généralement dans les premières minutes jusqu’à deux heures suivant l’ingestion.
Pour faciliter la reconnaissance des signes d’allergie chez le bébé quand les allergènes commencent à être introduits dans son alimentation, les deux nutritionnistes recommandent de les donner à l’enfant quand il est en forme et de s’abstenir de le faire quand il présente des symptômes de maladie, par exemple.
Que fait-on quand on soupçonne une allergie chez notre enfant?
Si le parent soupçonne une allergie alimentaire chez son enfant, Cosette et Andréanne conviennent qu’il faut arrêter de donner l’aliment à l’enfant tout en faisant attention à la contamination croisée et aux traces. Les parents peuvent ensuite se référer à leur médecin de famille ou à un urgentiste. Une requête pour consulter un allergologue est faite lorsqu’un enfant a des symptômes forts. Dans un même temps, les parents peuvent se faire prescrire un auto-injecteur en attendant d’avoir une consultation avec l’allergologue.
Même si l’allergie n’est pas confirmée, Cosette et Andréanne recommandent d’informer l’entourage, l’école et le service de garde comme si c’était une allergie.
Une allergie soupçonnée ou confirmée peut rapidement se transformer en un casse-tête pour la préparation des repas, et les parents peuvent se sentir démunis. Elles conseillent dans ces situations de consulter des nutritionnistes membres de l’Ordre des diététistes nutritionnistes du Québec. Il y en a dans les GMF, les CLSC et les cliniques privées. Allergie Québec est également une belle ressource, gratuite et fiable. Plusieurs services sont offerts aux parents et aux professionnels de la santé : trousses d’informations à télécharger avec des informations sur la contamination croisée, l’étiquetage, etc.; ligne de soutien téléphonique et messagerie web (courriel) pour toutes les questions générales des parents. Des nutritionnistes spécialisées en allergie alimentaire répondent aux questions, et des parents peuvent être jumelés avec d’autres parents qui sont passés par là.
Enfin, Cosette et Andréanne parlent de l’importance de communiquer, que cela soit avec l’école, l’enseignant ou l’enseignante, l’éducateur ou l’éducatrice et l’enfant lui-même. Il est important de discuter et de sensibiliser les personnes autour. Le parent peut également s’informer sur les protocoles et les règles mises en place dans l’école de son enfant, demander à sensibiliser l’ensemble de la classe aux allergies, etc.
Conclusion
Le sujet des allergies alimentaires et des facteurs de risque fait partie d’une science en évolution. Cosette et Andréanne le disent, beaucoup de belles découvertes sont faites en la matière. Elles conseillent aux parents de profiter de la découverte alimentaire avec leurs enfants, d’utiliser les ressources mises à leur disposition et de ne pas hésiter à solliciter les experts de la santé pour aller chercher les bonnes informations.
Pour plus de détails, nous vous invitons à écouter l’intégralité du balado. Bonne écoute!