5 conseils pour aider la prononciation de vos enfants
L’inquiétude la plus fréquente des parents qui consultent en orthophonie est probablement la prononciation de leurs enfants. Pourtant, dépendamment de leur âge, c’est souvent le dernier des soucis des orthophonistes. Ce qui nous importe plutôt: qu’est-ce que l’enfant tente de communiquer et est-ce qu’on le comprend? L’incompréhension et la frustration, c’est ce qui dérange réellement.
Il est facile de trouver sur Internet l’âge d’acquisition des sons auquel on devrait s’attendre, mais ce ne sont pas des données tellement aidantes, puisqu’une grande variabilité s’observe d’un enfant à l’autre et d’une langue à l’autre. Ce qui est plus le fiable c’est à quel point on comprend l’enfant ou pas. Pour vous donner une idée générale, on s’attend à ce qu’un enfant de 3 ans soit compris les trois quarts du temps. Malheureusement – ou heureusement! –, le parent n’est pas toujours le point de référence, car il a le super pouvoir de décoder assez bien son enfant. On se fiera plutôt à comment l’enfant se fait comprendre par une personne plus ou moins proche (une éducatrice remplaçante, un ami de la famille, un cousin, les enfants au parc). Un autre élément important à considérer est la façon dont l’enfant s’y prend pour se faire comprendre malgré les sons mal prononcés et comment son parent le soutient. Sur ce dernier point, voici quelques conseils à mettre en pratique pour aider votre enfant dans le développement de la parole.
- Il n’est pas nécessaire de faire remarquer une erreur de prononciation à votre enfant et de lui faire répéter la bonne prononciation. À long terme, et même à court terme, ce peut être très frustrant pour lui. Un enfant ne devrait en aucun cas avoir l’impression de travailler dans ses conversations de tous les jours. Mettez-vous dans sa peau: imaginez-vous en voyage dans un pays anglophone où les gens avec qui vous parlez reprennent votre prononciation au lieu de converser et de répondre à vos questions. Cela pourrait vous contrarier et vous aurez probablement tendance à abandonner, à vous débrouiller seul ou à vouloir trouver d’autres personnes avec qui discuter au lieu de vous faire prendre en défaut. C’est un peu le même processus pour votre enfant.
- Lors de vos interactions avec votre enfant, montrez-vous curieux et intéressé par ce qu’il dit. Lorsqu’il a des difficultés avec certains sons ou combinaisons de sons, donnez-lui des modèles exagérés et saillants de ces sons. N’hésitez pas à les lui faire entendre plusieurs fois dans différents contextes. Les enfants ont naturellement la capacité de reprendre les modèles sans qu’on insiste lorsqu’ils sont prêts. Ainsi, s’il vous dit: «Papin, maman!», vous pouvez répondre: «Hein, il y a un lllapin? Ah oui, je vois le lapin. Il est beau le lapin. Regarde, il mange notre salade! Coquin lllapin!»
- Ne faites pas semblant de comprendre, car vous faites manquer à votre enfant des occasions de développer des stratégies pour compenser. Encouragez-le à pointer, à utiliser un autre mot. Tentez de reformuler, d’offrir des choix de réponses à partir desquels il pourrait valider ce qu’il veut dire. Par exemple, vous pourriez dire: «Je ne suis pas certaine, mon amour… Voulais-tu dire BAteau ou AUto?»
- Ne réutilisez pas les prononciations de «bébé» (même si vous trouvez cela trop mignon!) Vous pouvez vous attendrir quelques instants, les noter en souvenir, mais pour le bien de votre enfant et son développement, évitez de les reprendre dans vos routines quotidiennes (p. ex.: susu pour suce, tchoutchou pour train, pogne cogne pour popcorn). Je vous donne ici mon truc: je reste neutre, je ne les corrige pas et je mets mes efforts ailleurs (parce que j’aime entendre ces petits bijoux, mais je ne veux pas les encoder solidement non plus dans le cerveau des enfants). J’en profite le temps que ça passe!
- Amusez-vous avec les sons de la parole, jouez avec les mots, cela est très bon pour préparer votre enfant à l’école. «Main et pain, ça se ressemble, mais on ne peut pas mmmanger notre mmmain! Dans pppain, j’entends p comme papa!» Faites-le lors de petits moments de jeux ou lorsque les situations s’y prêtent bien, et respectez les préférences et les gouts de votre enfant. Ayez en tête que le réel est toujours mieux que les images papier ou les images sur les écrans! (Prononcio!)
Pour finir, retenez que l’important est de ne pas trop s’en faire avec la perfection des sons, d’en faire une partie de plaisir et de profiter de la beauté de l’émergence de la communication chez votre enfant dans son ensemble. Et si vous avez des inquiétudes, n’hésitez pas à consulter en audiologie et en orthophonie. Écoutez votre instinct.
Pour en savoir plus sur quand consulter, vous pouvez lire le billet suivant: Quand consulter en orthophonie?