Épisode 55 : L'estime de soi
Cette semaine, sur Grandir Ensemble, Alexandra a eu le plaisir de recevoir pour la 2e fois Stéphanie Deslauriers, qui est psychoéducatrice de formation. Depuis 2012, elle a publié 10 livres, dont de nombreux ouvrages pédagogiques, un essai et des romans, tant jeunesse que grand public. Elle est aussi la maman d’une petite fille de 4 ans.
Dans cet épisode, Stéphanie nous parle de l’estime de soi, ainsi que de comment aider nos enfants à développer et à avoir une bonne estime d'eux-mêmes. Elle partage notamment des exemples concrets et plein de conseils pour outiller les parents!
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Comment aider notre enfant à avoir une bonne estime de soi?
Dans cet épisode du podcast Grandir Ensemble, Stéphanie Deslauriers, psychoéducatrice de formation, nous parle de l’estime de soi. Comment aider notre enfant à bâtir une bonne estime personnelle? C’est une question que se posent beaucoup de parents! Stéphanie tente de donner des conseils et des exemples concrets pour mieux comprendre ce qu’est l’estime de soi et comment aider au mieux nos enfants à la construire au quotidien.
Comprendre ce qu’est l’estime de soi
Stéphanie définit l’estime de soi comme étant l’autoévaluation et l’appréciation que l’on fait de soi-même : « à quel point je m’apprécie », « à quel point je m’aime » et « à quel point je m’accepte dans tout ce que je suis ».
Elle précise que dans l’estime de soi, il y a quatre composantes :
- la connaissance de soi;
- le sentiment d’appartenance;
- le sentiment de compétence;
- le sentiment de sécurité.
Selon la psychoéducatrice, ce sont les quatre composantes, popularisées par Germain Duclos, que le parent peut prendre en compte pour accompagner l’enfant dans la construction de son estime personnelle.
Comprendre l’écart entre le soi réel et le soi idéal
La psychoéducatrice soutient qu’il est important de comprendre l’écart entre le soi réel et le soi idéal. Le soi réel correspond à qui est l’enfant, ses forces, ses défis et ses attentes, alors que le soi idéal est comment il souhaiterait être.
Plus l’écart entre le soi réel et le soi idéal est grand, plus l’estime personnelle est faible. Si les attentes et les exigences de l’enfant envers lui-même sont trop élevées, elles lui semblent inatteignables.
À l’inverse, si l’écart entre le soi réel et le soi idéal est petit, l’enfant peut avoir une bonne estime personnelle. Selon la psychoéducatrice, le soi idéal se transforme en défi stimulant, motivant et encourageant, car l’enfant a confiance en lui pour atteindre ce qu’il aspire à être.
Créer une relation d’attachement sécurisante
Pour Stéphanie, la base d’une bonne estime de soi est d’avoir un lien d’attachement sécurisant. Elle définit ce lien comme étant la représentation mentale pour l’enfant de son donneur de soins. Il s’agit de la ou les personnes qui répondent au besoin de l’enfant et qui sont là pour le sécuriser.
La relation d’attachement sécurisante se crée en étant attentif aux besoins de son enfant et en étant présent pour y répondre. L’enfant comprend alors que son besoin vaut la peine d’être entendu et qu’il est digne d’amour. Cette relation passe aussi par des moments chaleureux et de qualité avec l’enfant.
Avoir un espace sécurisant pour que l’enfant puisse exprimer ses émotions
Le parent peut aussi s’assurer d’écouter et d’accueillir les émotions de l’enfant, qu’elles soient agréables ou non, et de faire attention à ne pas les invalider, car l’enfant pourrait apprendre à s’inhiber.
Pour s’assurer de créer cet espace sécurisant, Stéphanie mentionne la possibilité de mettre en place un time in, c’est-à-dire un espace où l’enfant est accompagné et soutenu lorsqu’il vit des émotions négatives, plutôt que le fameux time out, soit le retrait et l’isolement temporaire de l’enfant. Des études ont montré que certains enfants se sentent abandonnés en « time out ». Cela ne signifie pas pour autant de ne pas poser de limites aux enfants, mais de mettre un cadre sécurisant et bienveillant en lui faisant comprendre les enjeux sans éteindre ses émotions.
Elle mentionne que ce qui est difficile pour un enfant, ce n’est pas de vivre une émotion désagréable, c’est d’être laissé tout seul dans cette émotion et de la vivre seul. Certes, un parent ne peut prendre sur ses épaules les émotions négatives, la détresse et la souffrance de son enfant, mais il peut l’accompagner et être présent.
S’entourer et être en relation avec les autres
Pour Stéphanie, les sociétés occidentales valorisent les personnes indépendantes et autonomes qui font les choses seules, les self-made man et self-made woman, alors que pour elle, il est important d’être entouré, de savoir se montrer vulnérable, de savoir demander de l’aide et d’accepter de ne pas tout réussir seul ou par soi-même. L’estime de soi se bâtit aussi en relation avec les autres comme les amis, les éducateurs, les professeurs, etc. Selon l’intervenante, savoir s’entourer fait partie de la vie et permet également de développer le sentiment d’appartenance qui est lui-même relié au sentiment de sécurité.
Se détacher de la pression parentale et essayer de ne pas amener l’enfant à se conformer aux attentes des parents
Stéphanie constate que nous sommes à une ère de performance où tout le monde ressent et subit la pression d’être bon dans tout et notamment d’être le meilleur parent.
Or, pour elle, être parent ne doit pas se vivre dans la pression, mais dans le vécu éducatif partagé dans le plaisir. Elle définit cela comme tous les moments et interactions du quotidien que le parent peut réussir à rendre agréable. Si le parent se met de la pression sur ses épaules, il met une pression sur l’enfant de se conformer à ses attentes et cela finit par empêcher l’enfant d’approfondir sa connaissance de lui-même. Aussi, ce n’est pas parce que l’enfant se conforme en tout temps qu’il est heureux.
Un autre exemple de la pression parentale qu’elle cite est lié à la réussite ou l’échec de l’enfant. Le parent peut parfois s’approprier la réussite de son enfant et avoir l’impression qu’il s’agit de sa réussite personnelle. Cependant, il faut comprendre que l’enfant est une personne à part entière. Le rôle du parent est d’accompagner l’enfant à devenir qui il est tant dans ses réussites que ses échecs. Ses réussites et ses échecs sont les siennes. Le parent peut être fier du travail et des efforts de son enfant. Cela est différent de l’orgueil parental et de la fierté du résultat final.
Pour se détacher de cette pression, le parent peut garder en tête que le mieux qu’il puisse faire, c’est d’outiller l’enfant au mieux de sa connaissance et de sa capacité. Les enfants n’ont pas besoin de parents parfaits, mais de parents tels qu’ils sont. Des parents modèles imparfaits suffisamment bons et qui font de leur mieux. L’enfant se projette ainsi également comme un enfant imparfait.
S’il est de mise d’accueillir les émotions de l’enfant selon Stéphanie, il est également important de savoir accueillir l’enfant pour qui il est. Un tempérament est inné, alors qu’une personnalité se construit. Selon la psychoéducatrice, le mieux que puisse faire le parent est d’accompagner et guider l’enfant pour qu’il fasse sa vie et qu’il se sente assez confiant pour faire ses propres choix.
Stéphanie nuance également la phrase « On devient qui on veut. » pour un « On devient ce qu’on peut. » Le parent n’a pas à être extraordinaire. L’enfant n’a pas à être extraordinaire. L’enfant a besoin de comprendre qu’il n’a pas à être extraordinaire pour que le parent l’aime. Il l’aime pour qui il est.
Reconnaitre l’importance de l’effort de l’enfant plutôt que le résultat
Pour Stéphanie, il est important de récompenser les efforts de l’enfant et non pas que le résultat final. Ce qui est important, c’est la route et non la destination. L’enfant a-t-il eu du plaisir sur la route? A-t-il apprécié le chemin? A-t-il eu du plaisir?
Elle mentionne l’importance d’apprendre dans le plaisir et de faire en sorte d’instaurer un climat pour que le chemin soit calme, ludique et le plus doux possible pour l’enfant.
En plus de rendre ce chemin doux, il est aussi important de se concentrer sur le chemin parcouru plutôt que sur le chemin qu’il reste à parcourir.
Conclusion
Pour finir, Stéphanie propose de se concentrer sur ce qu’on a et ce qu’on est, se ramener à soi, se comparer à soi et ainsi ne pas perdre de vue ses forces, ses limites et son contexte de vie qui est différent de celui des autres. Elle soutient qu’il est important d’être fier de ce qu’on fait, de ce qu’on réussit, de continuer à cultiver des attentes réalistes et de célébrer toutes les réussites aussi petites soient-elles. Selon elle, il n’y a pas de réussites futiles, que des grandes réussites!
Pour plus de détails, nous vous invitons à écouter l’intégralité du balado. Bonne écoute!